En rénovation énergétique de bâtiment, le low-tech est compatible avec le high tech. Ne vouloir utiliser aucune technologie complexe pour la conception, la mise en œuvre, les matériaux et systèmes embarqués, l’exploitation-maintenance rendrait la réalisation de projets de rénovation de bâtiment extrêmement pointue, pour un public militant bien spécifique. Dans notre démarche nous envisageons plutôt le low-tech comme « lower-tech » : une solution un peu plus low-tech que la solution qui aurait été choisie par défaut.
Cela ne signifie pas pour autant que nous nous privons du high-tech. Une détection CO2 avec un voyant est un système plutôt high-tech, mais il permet de signaler aux élèves d’une classe quand ouvrir les fenêtres, ce qui favorise un rafraîchissement et renouvellement d’air low-tech.
Dans une démarche de frugalité ou de performance énergétique en général, les besoins et consommations d’un bâtiment sont drastiquement minimisés. Un chauffage low-tech est généralement à forte inertie, stable, sans régulation. Dans le cas d’un usage intermittent, soit la plupart des habitations ou des locaux tertiaires dans lesquels les gens ne restent pas en permanence, des systèmes de chauffage intégrant un minimum de régulation high-tech permettent plus de performance : on va se servir d’un petit système de chauffage pour les quelques besoins qui restent, bien régulé pour qu’il fonctionne aux bons moments. La démarche low-tech de maximisation des apports solaires et d’amélioration de l’enveloppe aura en effet permis de réduire au maximum les besoins, la part restant sera traitée in fine par des systèmes munis d’une régulation high-tech.
Autre exemple : dans les contextes urbains, l’installation d’un poêle de masse est interdite, il faut utiliser des poêles normés, étanches, alimentés en granulés. C’est un combustible assez peu low-tech, issu de résidus d’industrie forestière, difficilement productible avec des moyens artisanaux. Mais parfois, cette solution peut être la meilleure sur le plan énergétique, même sans être la plus low-tech – tout dépend du contexte.
Il est possible de prévoir des solutions intégrant des régulations compliquées derrière une interface très simple pour l’utilisateur. Par exemple un tableau centralisé qui permet d’allumer par de simples interrupteurs le chauffage, la ventilation, l’éclairage à l’arrivée dans le bâtiment. Ou encore le « bouton canicule » mis en place sur le projet de rénovation de bureaux pour l’Adaforss par l’atelier FAIR : cette interface très simple, presque ludique, pour l’utilisateur final commande des systèmes high-tech pour ouvrir automatiquement les ouvrants, baisser les protections solaires… soit un système high-tech pour permettre un rafraîchissement low-tech, une belle symbiose.
L’électricité du réseau est une énergie plutôt high-tech, sophistiquée, comparée à la chaleur. Celle-ci peut se stocker de manière low-tech, dans les murs par exemple, alors que l’électricité nécessite pour son stockage des moyens industriels de batterie ou autre hydrogène… Les réseaux de distribution, la centralisation de la production de l’électricité nécessitent également une gestion high-tech. L’électricité du réseau est tout de même utile et utilisée dans les projets en démarche low-tech : il serait plus low-tech de réduire sa dépendance à ce système, mais ce n’est pas toujours possible. Citons enfin internet, interface très high-tech, qui permet toutefois de connecter les ressources d’un territoire avec les besoins, de mutualiser des outils, des gisements pour le réemploi.